samedi 28 décembre 2024

Le partage du sensible (2000), Le spectateur émancipé (2008), Jacques Rancière

Le « partage du sensible » est un concept clé de la pensée de Jacques Rancière qui désigne la manière dont une société organise la perception du monde, ce qui est visible ou invisible, dicible ou indicible, pensable ou impensable. Il ne s’agit pas seulement d’une répartition matérielle des espaces et des rôles sociaux, mais d’une structuration profonde du réel qui détermine ce qui peut être perçu et reconnu comme ayant du sens.


A. Une organisation du visible et du dicible


Le « partage du sensible » définit un ordre esthétique et politique qui attribue à chacun une place et un rôle en fonction d’un agencement préétabli. Ce partage établit :

Ce qui peut être vu et entendu (quels sujets, quels corps, quelles voix ont droit à une représentation).

Qui a le droit de parler et d’être entendu (les rapports entre dominants et dominés, entre classes sociales).

Ce qui est considéré comme de l’art, du politique ou du banal (distinction entre haute et basse culture, art légitime et art populaire).


B. Un concept politique et esthétique


Rancière montre que le « partage du sensible » est toujours un acte politique, car il conditionne l’accès à la visibilité et à la parole. L’art joue un rôle majeur dans cette dynamique :

Soit il renforce l’ordre établi en reproduisant les formes dominantes.

Soit il le perturbe, en redistribuant autrement le sensible, en donnant une voix aux invisibles ou en révélant ce qui était tenu pour insignifiant.


C. Le rôle de l’art et du dissensus


L’art peut créer du dissensus, c’est-à-dire une rupture avec l’ordre existant, en modifiant notre perception du réel et en réorganisant le « partage du sensible ». Des pratiques artistiques contemporaines comme l’art participatif, le cinéma politique ou le street art peuvent ainsi bouleverser les hiérarchies de la perception et rendre visibles des réalités sociales marginalisées.


 Exemple d’application


Un exemple typique de cette logique est l’art engagé ou les performances qui interrogent les frontières entre l’espace public et privé, entre l’artiste et le spectateur, entre le quotidien et l’art. Des œuvres comme celles de JR, qui expose des portraits de populations invisibilisées dans des lieux symboliques, participent à une redistribution du sensible.


En résumé, le « partage du sensible » est une structure qui façonne ce que nous percevons comme réel et légitime. L’art, en redéfinissant cette structure, peut être un outil de transformation sociale et politique.


Dans Le spectateur émancipé (2008), Jacques Rancière interroge le rôle du spectateur dans la réception de l’art et du théâtre. Il remet en cause l’idée selon laquelle le spectateur serait passif et propose une nouvelle conception de l’émancipation dans l’expérience esthétique.


A. La critique de l’opposition actif/passif


Rancière conteste la vision traditionnelle qui oppose l’artiste actif (créateur de sens) au spectateur passif (simple récepteur). Il critique notamment la pensée de Platon, Rousseau ou Brecht, qui considèrent que le spectateur doit être éduqué, transformé ou engagé pour devenir véritablement actif.


B. L’émancipation par l’interprétation


Rancière défend l’idée que le spectateur est toujours actif, car il interprète ce qu’il voit selon ses propres expériences et connaissances. Il compare cette position à celle de l’élève dans Le Maître ignorant (1987) : tout apprentissage repose sur une forme d’auto-appropriation du savoir. De même, le spectateur construit du sens à partir de l’œuvre, sans être passivement soumis à son message.


C. Vers une nouvelle relation entre l’art et son public


Plutôt que de chercher à abolir la séparation entre scène et salle (comme le veut le théâtre participatif), Rancière propose d’assumer cette distance comme un espace d’interprétation libre. L’émancipation du spectateur réside dans sa capacité à établir ses propres connexions et à redéfinir le sens des œuvres sans qu’un discours dominant ne lui impose une lecture unique.


D. L’art comme espace de partage et de dissensus


Rancière inscrit cette réflexion dans sa théorie du « partage du sensible » : l’art redistribue les manières de percevoir et d’interpréter le monde. Un spectateur émancipé est celui qui reconnaît cette pluralité et qui participe activement à la construction du sens des œuvres.


Dans Le spectateur émancipé, Rancière déconstruit l’idée que l’engagement du spectateur passe nécessairement par une participation directe. Il propose une vision plus égalitaire où chaque spectateur devient un interprète libre, capable de tisser ses propres significations. Cette pensée a influencé les pratiques artistiques contemporaines, notamment en valorisant les formes ouvertes et collaboratives.

mardi 9 juillet 2024

Aquarelle sketch 2024 水彩速寫

 

Shun Tzu HSU, Aquarelle, Watercolor sketch, Avril 2024


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lundi 19 février 2024

1/2024, International Prize Botticelli Florence 2024, Award-Winning Artist, organized by Fondazione Effetto Arte, Italy. Award Ceremony -January 20th, 2024 at the Palazzo Borghese Firenze, Florence, Italy





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Award Ceremony -January 20th, 2024 at the Palazzo Borghese Firenze, Florence, Italy